Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a lancé ce mardi la première étape de ses consultations en vue des réformes sociales du quinquennat. Syndicats et patronat ont exercés tour à tour des pressions opposées, sur fond de craintes de multiplication de plans sociaux.
Jean-Marc Ayrault Ayrault, entouré par quatre ministres, Michel Sapin (Travail), Marisol Touraine (Affaires sociales), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Marylise Lebranchu (Fonction publique), a reçu durant une heure chaque délégation: cinq syndicales (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) et trois patronales (Medef, CGPME, UPA).
L’emploi au cœur des débats
Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a d’emblée mis la pression sur le gouvernement de gauche en lui rappelant que c’est « une majorité de salariés » qui a « contribué » à l’élection de François Hollande. Maintenant, il y a une « impatience » de premières mesures « rapides » qui « modifient le quotidien », a dit celui qui avait appelé à battre Nicolas Sarkozy.
Quel sort réservé aux entreprises menacées ?
Bernard Thibault a remis au Premier ministre une liste de 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45.000 emplois menacés, qui va se « cumuler ou se croiser » avec la « propre liste du gouvernement ». Il a réclamé une loi pour « permettre aux salariés de contrarier la décision des gestionnaires lorsqu’il n’y a pas de bien-fondé économique aux licenciements ».
Le numéro un de la CFDT, François Chérèque, a proposé, lui, la re-création d’une « mission interministérielle sur les plans sociaux », tandis que son homologue de FO, Jean-Claude Mailly, prônait le retour d’un « commissariat au plan ».
Quel hausse pour le Smic ?
De son côté, la patronne du Medef, Laurence Parisot, qui clôt le défilé en fin de journée, espère convaincre le gouvernement de ne pas compromettre la compétitivité des entreprises et de mettre la pédale douce notamment sur une hausse du Smic, hantise des PME. Une hausse du Smic « est toujours dangereuse » pour l’emploi et doit être « a minima », a prévenu le numéro un de la CGPME, Jean-François Roubaud. Le gouvernement n’a pas encore précisé l’ampleur du coup de pouce.
La CGT et FO demandent une vraie hausse. « Certains considèrent que j’en demande trop, je rappellerai tout simplement que le seuil de pauvreté en France est à 954 euros et que le Smic est à 1.100 euros », a lancé M. Mailly. Mais, pour la CFDT, le problème est d’abord « qu’il y a trop de salariés au Smic et qui le restent ».
La réforme des retraites à préciser
Autre sujet urgent, source de divergences entre patronat et syndicats: le décret en préparation sur les retraites qui devrait sortir entre les deux tours des législatives pour permettre un départ à 60 ans des salariés ayant commencé à travailler très tôt. Les contours restent à préciser.
Une concertation « dans la durée »
Mardi, pour le gouvernement, il s’agissait d’une première prise de contact afin d’écouter les doléances de tous en vue d’une grande conférence sociale prévue avant le 14 juillet à l’Elysée. Le gouvernement promet une concertation « dans la durée ». Une réunion préparatoire, regroupant l’ensemble des huit partenaires sociaux autour du Premier ministre, se tiendra le 5 juin à Matignon.
M. Roubaud a salué « une véritable volonté de dialogue » du gouvernement. Il veille à « ne pas rater la première marche », a renchéri Bernard Van Craeynest (CFE-CGC). Le président du syndicat des cadres souhaite la fin d’une tradition française qui fait que, sur les trois parties -gouvernement, syndicat, patronat-, il y en a toujours deux « qui s’entendent sur le dos du troisième! » Bernard Thibault a justement enjoint le gouvernement à s’appuyer « sur les forces vives qui ont souhaité le changement » et non sur le patronat et le Medef, dont, au passage, il a remis en cause « la représentativité ».
François Chérèque, a proposé, lui, la re-création d’une « mission interministérielle sur les plans sociaux »
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