Laurence Laigo était sur France Culture le 4 juin 2012

Il ne sera pas dit qu’Henri Proglio n’a pas le sens du sacrifice. Pour rester en place, le patron d’EDF vient d’accepter de voir sa rémunération divisée par 3. Effort spectaculaire, mais à relativiser puisqu’il lui restera tout de même 500 000 euros annuels.La plupart de ses collègues, PDG d’entreprises publiques, vont eux aussi devoir faire ceinture. Ainsi va la vie à la tête des grands groupes sous la présidence Hollande. Le 1e ministre l’a confirmé la semaine dernière : un décret sera bientôt publié, qui prévoit de réduire l’écart, dans ces entreprises, de 1 à 20 entre les salaires les plus bas et le salaire le plus haut. Au-delà du symbole politique, déjà à l’œuvre avec la décision de réduire de 30% les salaires des ministres et du chef de l’Etat, au-delà du symbole, il y a aussi l’idée de ‘’contaminer’’ le secteur privé, où des écarts de 1 à 400 peuvent exister. Des « rémunérations obscènes » pour reprendre le titre du livre du sociologue Philippe Steiner. Dans le même temps, à l’autre bout du curseur, des discussions sont en cours pour fixer le niveau du « coup de pouce » qui sera donné au Smic en juillet prochain. Jusqu’à 300 euros réclame, sans vraiment y croire, la CGT.Dans les 2 cas, il s’agit de trouver quel est le niveau de salaire le plus juste. Mais au fait, Qu’est-ce qu’un salaire juste ?

 

Et le contrepoint de Julie Gacon. 

 

 

La notion de « juste salaire » trouve ses origines – certes discrètes -, au XIIIe siècle. A une époque où commence tout juste à se poser la question sociale, une homme va théoriser une certaine conception du juste prix et de la rémunération juste: Thomas d’Aquin. Son point de vue est très classique; l’homme selon lui est un animal social et toute activité humaine doit être considérée en fonction de ce qu’elle apporte au bien commun. Les explications de Frédéric Guillot, professeur de philosophie au séminaire de Versailles.